EVERYTHING AND NOTHING/TOUT ET RIEN

de SALLOUM Jayce

CANADA, 2002, 00:41:40

Production : SALLOUM Jayce
Genre : Documentaire, Documentaire de création
Mots-clés : Mémoire, Portrait, Société

Résumé :
Tout et rien, première partie de Sans titre. Un dialogue intime, oscillant entre les représentations d’une figure (de la résistance) et le sujet, avec Soha Bechara, une ex-militante de la Résistance Nationale Libanaise, dans sa chambre à Paris, filmée (pendant la dernière année de l’occupation israélienne) un an après sa libération du centre de torture et d’interrogatoire d’El-Khiam au Sud-Liban, où elle est restée prisonnière pendant 10 ans, dont 6 ans en isolement. On réexamine ici les notions de résistance, de survie et de volonté, on y raconte la guerre, la séparation et la proximité. L’image et le corps étalés d’une martyre ayant survécu et parlant calmement et directement à la caméra, juxtaposée à son être et à son image ; elle ne parle pas de la torture mais de la distance entre le sujet et la perte, elle parle de ce que l’on laisse derrière soi et de ce qui nous reste. Au Liban, Soha Bechara est un personnage héroïque. On voit beaucoup d’images d’elles dans le sud, et j’ai vu de nombreuses affiches avec son portrait dans le centre de Beyrouth lorsque j’y travaillais au début des années 90. Elle a été capturée en 1988 pour avoir essayé d’assassiner le général de l’Armée du Sud-Liban, Antoine Lahad (L’Armée du Sud-Liban était une milice montée de toutes pièces et contrôlée par les Israéliens pour faire croire que l’occupation du Sud-Liban était un conflit interne au pays). Je ne lui ai posé aucune question spécifique sur les tortures qu’elles a subies ni sur le traumatisme de la détention, car elle avait déjà été interviewée à plusieurs reprises et dans les moindres détails par la presse européenne et arabe sur la façon dont elle a survécu à sa détention, sur les conditions de détention à El-Khiam, sur les détenus, sur la résistance… Je me suis rendu dans sa petite chambre d’étudiante, pas beaucoup plus grande que sa cellule (elle étudie actuellement le droit international à la Sorbonne), elle était assise sur son lit et je l’ai interrogée sur la distance entre son vécu à El-Khiam et à Paris, sur la distance entre Beyrouth et Paris. Je lui ai demandé ce qu’elle avait laissé à El-Khiam et ce qu’elle avait ramené. Elle a raconté une histoire de fleurs, le fait qu’elle ne les mette jamais dans l’eau. Elle a raconté ce que ça lui faisait de faire l’objet d’autant de requêtes, elle a dit qui elle était et ce que le titre de la vidéo devait être, et d’autres choses encore. Cette bande vidéo que j’ai tournée pendant ce temps passé avec elle n’est pas précieuse, c’est juste du temps, une discussion, une intimité intense à une distance à la fois proche et infranchissable. (Jayce Salloum)

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